Portrait d’artiste : Isabelle Arvers (p.36-37)
Entretien avec Isabelle Arvers – Propos d’Isabelle Arvers, recueillis par Gabriel Soucheyre (p.38)
Compte-rendu Résidence VIDEOFORMES – Par Isabelle Arvers (p.50)
Interview Hack Circus – Par Isabelle Arvers (p.54)
Games Reflexions – Propos d’Isabelle Arvers, recueillis par Regine (p.60)
Isabelle Arvers – Propos d’Isabelle Arvers, recueillis par Karen Verschooren (p.71)
Les machinimas – Propos d’Isabelle Arvers, recueillis par Les cultures numériques (p.76)
Rural.Scapes : un lab rural pour artistes, vaches et poulets au Brésil – Par Isabelle Arvers (p.82)
Portrait Vidéo – Isabelle Arvers – Par VIDEOFORMES (p.87)
Extrait du texte de Jean-Paul Fargier: Vagues de couleur contre nuage noir
Tania Mouraud versus Isabelle Arvers. Désespoir ou ataraxie ? Culpabilité ou innocence ? Dépression ou jouissance ? Deux faces, parfaitement incarnées, des contradictions qui animent le destin du monde actuel.
Plus le temps passe et plus le bel éventail d’installations de VIDEOFORMES 2019 se résume dans mon souvenir à l’affrontement d’un jet purulent d’encre noire dans un ciel serein et d’une ondulation chatoyante de rayures multicolores sur un banc de sable.
Avec, entre les deux, le TV Buddha de Paik, magnifique d’élégance concentrée, faisant semblant de ne pas arbitrer entre ces deux états d’âme. Qui de se trouvaient déclinés dans toutes les autres oeuvres présentées.
Dans la chapelle de l’hôpital, on était encerclé par des paysages urbains gravement menacés par le souffle noir des fumées pestilentielles d’une industrie qui n’a cure du bien-être de ceux qui habitent la terre. Les stridences assourdissantes enfonçaient le clou du désespoir de vivre dans une telle atmosphère sans pouvoir s’y opposer. Tania Mouraud crie sa colère, son irrédentisme, sa révolte infinie, et après avoir partagé son indignation nous sortons accablés. On a envie de crier avec elle : on sort et il pleut (des particules fines ?). L’artiste aurait dû prévoir un gueuloir où défouler notre souffrance. Car avec la sûreté d’un bourreau bienpensant, en ajoutant du mal au mal, elle exacerbe notre culpabilité face à notre impuissance.
Dans une cave, taillée dans la roche volcanique, pas loin de Notre-Dame du Port, la sublime église romane de Clermont-Ferrand, après avoir descendu d’interminables marches, on découvre dans l’obscurité un faisceau de lumière coloré qui balaye une plage de sable. On dirait que la terre vibre, se soulève doucement, qu’une onde la parcourt. Lentement progresse un jeu de rayures de teintes accordées, violettes, jaunes, vertes, oranges, citrons, etc. comme un clin d’oeil à un Buren déluré. Des haut-parleurs invisibles diffusent des vibrations rassérénantes. On a envie de plonger dans cette atmosphère souterraine et pourtant si céleste. Isabelle Arvers nous offre la clé de l’arc-en- ciel : nous pouvons nous promener dans ses plis contrastés, nous envelopper dans son étoffe nuancé. L’espoir de vivre dans un monde amical nous guérit de nos idées noires, si facilement entretenues par le spectacle de l’inconscience politique contemporaine.
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